Cette pratique fait perdre au pays non seulement d’importantes ressources forestières et fauniques, mais aussi des recettes à l’Etat. Le ministre camerounais des Forêts et de la faune, Jules Doret Ndongo, dans une correspondance adressée à ses collaborateurs dans les 10 régions, révèle l’existence d’un réseau de blanchiment du bois exploité illégalement. Un trafic qui se fait à travers la falsification des documents administratifs sécurisés. « Il m’a été donné de constater que certains opérateurs économiques véreux utilisent des documents sécurisés (lettres de voitures et carnet de chantier DF10) contrefaits, pour blanchir le bois exploité illégalement, sachant que certains de vos collaborateurs paraphent et signent les lettres de voitures à blanc, et souvent sans en référer aux formulaires de transmission accompagnant lesdits documents », écrit le ministre aux délégués régionaux de son département ministériel. Selon ce membre du gouvernement, cette pratique fait perdre au pays non seulement d’importantes ressources forestières et fauniques. Mais également des recettes à l’Etat. Afin de déraciner ce phénomène, Jules Doret Ndongo recommande à ses collaborateurs de redoubler de vigilance lors de la vérification des documents accompagnant les cargaisons de bois coupées sur le territoire national.Le cas des forestiers vietnamiens Dans un rapport publié en 2020 et intitulé « bois volé, temples souillés : les conséquences néfastes du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam sur les populations et les forêts camerounaises », deux ONG révèlent que des forestiers vietnamiens au Cameroun s’illustrent dans des « opérations de blanchiment couvertes par la paperasse ». Pour ainsi dire, Environnemental Investigation Agency (EIA) et le Centre pour l’environnement et le développement (CED) soutiennent qu’«afin de répondre aux exigences des autorités vietnamiennes, plusieurs des sociétés qui font le commerce du bois ont concentré leurs efforts sur l’obtention de documents camerounais, en faisant abstraction de l’origine réelle du bois mis sur le marché vietnamien ». Pour soutenir cette thèse, les deux ONG disent qu’«un responsable de Dai Loi Trading Co. Ltd (…), la plus grande société vietnamienne installée au Cameroun, et par ailleurs l’un des trois plus grands importateurs de bois au Vietnam, a déclaré se moquer éperdument de l’origine du bois qu’elle met sur le marché vietnamien, même si ce bois devait provenir d’un groupe terroriste, pourvu que les “bons documents” soient fournis ».
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